Le Ciné-train
Tandis qu'Harry Langwatt
présente le ciné-club,
Nemo croit retourner en ville...
dans un décor en trompe-l'œil
où il s'égare.
présente le ciné-club,
Nemo croit retourner en ville...
dans un décor en trompe-l'œil
où il s'égare.

il tombe sur la scène d'un film
montrant les tortures d'un responsable
politique tchècoslovaque
accusé d'espionnage
en pleine guerre froide
pour des crimes qu'il n'avait pas commis.
A l'époque, simulacre de procès
où l'accusé devait apprendre
son texte par cœur... comme dans un film.
dans ces morceaux de décor
qui lui rappellent les vestiges
d'une ville bombardée.
et s'approche d'un faux train
où dort un homme au visage d'ours
qui, à entendre ses ronflements,
semble parfaitement authentique.
De passage à Paris pour une rétrospective,
il a trouvé refuge ici
après s'être égaré lui aussi dans le studio.
Il décrit à Nemo les images évocatrices
de la Révolution d'octobre 1917.
La promesse d'un bonheur pour l'humanité.
La guerre civile.
La cavalerie rouge.
pour filmer ouvriers,
paysans et mineurs au travail.
continuait à tourner.
C'était l'époque des ingénieurs de l'image :
montrer la vérité de la vie,
la rapidité du changement.
puis montés le jour même
dans les wagons-laboratoires.
Projetés le lendemain à la population
pour améliorer la construction
de la Russie nouvelle.
en découvrant que des images muettes,
ajustées les unes aux autres,
prenaient la parole.
C'était l'apogée du montage
et des images inventives.
il projeta les films au comité central
pour montrer la misère du peuple.
Mais il s'attira les foudres des bureaucrates.
Le parti prit l'habitude de cacher
les images négatives,
même si elles ne mentaient pas.
Le ciné-train fut passé
sous silence et disparut.
du réalisme idéologique jeta l'homme-ours
et ses petites images baroques aux oubliettes.
Désormais, il se contentait de lire des poèmes
ou d'écouter de la musique.
à trouver la sortie des studios
et retrouve la vraie ville,
avec ses vraies rues et ses vraies fenêtres...